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Assoc. Française de méditation de Pleine Conscience

Les enseignements du singe

singe1Le développement de la vigilance est souvent comparé à une activité très simple : notre mental est un singe qui bondit de sujet en sujet et que nous devons parvenir à le « suivre » du regard de notre vigilance.

J’aime beaucoup cette métaphore dont on peut tirer de très nombreux enseignements sur la pratique.

Très souvent on s’aperçoit en effet que nous avons perdu le singe-mental de vue : ce sont ces moments pendant lesquels notre esprit vagabonde … nous sommes assis en méditation à suivre notre souffle et soudain nous réalisons que cela fait plus d’1 minute que nous pensons à la soirée du lendemain ! Même constat lorsque nous conduisons : nous arrivons à un endroit en prenant conscience que nous n’avons prêté aucune attention « consciente » à notre conduite … nous étions en pilote automatique, ce qui est évidemment le contraire de ce que nous recherchons en pratiquant la Pleine Conscience.

Mais si nous continuons à analyser cette métaphore du singe-mental qu’il faut suivre du regard, nous comprenons aussi que pour suivre le singe, il faut trouver le bon niveau de vigilance : trop d’effort et nous ne sommes pas en mesure de nous adapter aux mouvements rapides du singe et nous le perdons encore de vue, trop peu d’effort et il échappe à notre attention. Il faut donc trouver le bon dosage …

Nous comprenons aussi bien le lien et la différence entre concentration et vigilance :

–          La vigilance c’est donc notre capacité à « tourner la tête » pour suivre le singe du regard

–          La concentration c’est notre capacité à le fixer attentivement. Si nous ne sommes pas concentrés, nous ne voyons plus le singe l’espace d’une seconde et pffff … il disparait !

La pratique de la vigilance de la Pleine Conscience nécessite donc de développer un bon niveau de concentration et le juste dosage de « l’effort » de vigilance. D’ailleurs dans le bouddhisme, il est préconisé d’avoir atteint un niveau minimal de pratique de Samatha (méditation de concentration) avant de pratiquer Vipassana (méditation de la vigilance).

Le singe-mental nous apprend aussi que pour parvenir à suivre le singe dans ses bonds, nous devons lâcher-prise et ne pas porter de jugement : car si à chaque fois qu’il est sur une branche nous pensons «  mais que fait-il sur cette branche ? Il ne voit pas qu’elle est fragile et risque de sa casser ? » … et bien pendant ce temps du jugement nous avons déjà perdu le singe de vue et nous ne savons pas quelle bêtise il est en train de nous préparer loin de notre surveillance 😉 !

Cette métaphore du singe nous raconte enfin l’intérêt et les limites d’une retraite de méditation: dans cet espace préservé, le singe est beaucoup plus lent et plus facile à suivre ! C’est un lieu privilégié pour raffermir sa pratique, l’ajuster et correctement l’intégrer afin de goûter à l’extase de la juste vigilance … mais attention au retour dans la vie « mondaine » … ne soyons pas surpris de ne plus réussir à suivre le singe quand il se remet à bondir frénétiquement de branche en branche !!

De nombreux retraitants passent plusieurs mois dans un état de parfaite sérénité et sont complètement démoralisés lorsqu’ils se surprennent à se mettre en colère une fois à l’extérieur … ils ont simplement été pris de vitesse par les bonds vigoureux du singe, excité par les stimulations du monde extérieur !

Pendant que vous lisiez ces quelques lignes … savez-vous où était votre singe ? 😉

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