Le nom qui vient immédiatement à l’esprit est celui de Gandhi, dont la philosophie de vie pourrait se résumer à ce mot sanscrit: « Ahimsa », la non-violence.
Il existe plusieurs niveaux d’approche de cette notion.
Le premier niveau est le plus évident : il s’agit de ne pas imposer de souffrance physique à autrui.
Le deuxième niveau est celui de la non-violence verbale: ne pas imposer de souffrance psychique volontaire par le biais de nos mots (insultes, critiques etc.)
Le troisième niveau est celui de la non-violence « implicite » de nos comportements: ne pas générer de souffrance psychique à autrui, par notre attitude indirecte. Ainsi, sans toucher physiquement une personne ou sans lui adresser directement des mots « durs », notre comportement peut la faire souffrir tout autant, voir bien plus.
Enfin il y a la non-violence envers soi-même. Très souvent notre état d’esprit – c’est-à-dire notre interprétation du monde (le fameux filtre du mental) nous fait souffrir – ce qui est donc une forme de violence envers nous-même (ex : le pessimisme, la dépression etc.)
La difficulté est que cette tendance négative et violente de notre mental est profondément ancrée dans notre nature biologique.
D’un point de vue évolutionniste en effet il semble que cette tendance s’est développée car elle était essentielle à la survie de notre espèce. Elle repose sur 2 mécanismes :
– L’anxiété, c’est-à-dire notre capacité à anticiper le déroulement négatif des événements, qui est donc une forme de « vigilance » permettant d’anticiper le danger quitte à noircir le tableau
– Et la réponse à l’anxiété, la très étudiée et connue réponse « combat-fuite », qui consiste en une capacité de mobilisation instinctive de toute notre énergie physique et mentale, soit pour fuir (la réaction de peur, peur panique), soit pour nous battre (d’où notre capacité de violence, qui est en fait une arme).
La violence est donc dans notre nature « physiologique » !
Heureusement de nos jours notre société rend la violence non nécessaire (la peur reste utile, pour éviter les situations à risque) à la survie de notre espèce. Le souci est donc que l’anxiété demeure, sans avoir d’exutoire, puisque la violence n’a plus l’occasion en général de s’exprimer (elle est bannie par les règles sociales) et la fuite n’est pas toujours possible (ex : le stress au travail peut difficilement être soulagé par la fuite !).
Ainsi notre corps souffre de cette anxiété contenue.
Une expérience a été menée sur des rats sur ce sujet. 2 paires de rats ont été sélectionnées. Pour chaque paire, les rats ont été mis en situation de proximité et artificiellement stressés. Pour l’une des paires, les rats étaient séparés par une grille et donc ne pouvaient pas se battre. Pour l’autre paire, les rats pouvaient se battre. Après un certain temps les rats ont été disséqués. Les rats qui pouvaient exprimer leur stress en se battant avaient des organes internes intacts alors que les rats qui n’avaient pas de possibilité d’exutoire étaient littéralement rongés de l’intérieur !
Alors comment éviter de finir comme ces rats, sachant que l’anxiété fait partie de notre nature et que nous ne pouvons pas l’extérioriser par de la violence et que nos possibilités de fuite sont parfois limitées ?
La méditation de Pleine Conscience est une excellente solution: nous apprenons à modifier notre regard sur le monde donc nos motifs d’anxiété diminuent (ne plus s’identifier à ses pensées, comprendre qu’il ne s’agit que de notre interprétation du monde, pas la réalité), et nous apprenons à contrôler notre réponse à cette anxiété en ne laissant pas se développer la « pulsion » de violence qui si elle n’est pas exprimée abîme notre corps et notre esprit (travail sur la vigilance et le lâcher-prise)
En devenant non-violent envers nous-même par la pratique de la méditation de Pleine Conscience, nous préservons notre équilibre et nous devenons non-violents envers les autres (car il n’y a pas de violence envers les autres sans violence envers soi-même).
La non-violence est donc un excellent baromètre de nos progrès spirituels.
Bonne pratique
Julien pour l’AFPC
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